Venez, entrez dans la danse des rimes ! Poèmes mélancoliques ou joyeux, sombres ou idylliques, il y en a pour tous les goûts. En espérant que vous prendrez plaisir à les découvrir et que certains vous plairont, je vous souhaite une bonne lecture.
Vous pouvez également, si vous le souhaitez, découvrir mes romans et nouvelles sur mon autre blog : La plume d'outre-rêve.

lundi 30 janvier 2012

Ambiance : le chant de la nuit

Au loin dans la nuit, un chant solitaire s'élevait, pur et lumineux comme les astres qui scintillaient sur le satin sombre du ciel. Il traversait la campagne, se faufilait sous les arbres, chuchotait dans les bois plongés dans l'obscurité la plus complète. Un hurlement couvrit la voix éthérée qui semblait venir de partout et nulle part. Un hurlement de loup auquel répondit un autre cri lugubre, puis un autre et un autre encore... toute une meute faisait vibrer l'air de ses gémissements menaçants.

L'heure de la chasse avait sonné.

Des oiseaux s'envolèrent en piaillant de la cime des arbres tandis que les sabots des cervidés faisaient trembler le sol dans une fuite tumultueuse . Des yeux jaunes s'allumèrent dans le noir comme les loups se déployaient pour attraper leurs proies. Le froissement des feuilles sèches sous les pattes agiles des prédateurs affolaient l'ouïe fine des biches à la course précipitée. L'heure de la chasse avait sonné. Les loups majestueux virent une biche s'écarter de la harde. Leur voix lugubre et glaçante à nouveau s'éleva tandis qu'ils encerclaient leur victime pantelante dont l'œil d'or plein de larmes reflétait, résigné, les crocs immaculés qui s'apprêtaient à la déchirer.

L'heure de la chasse avait sonné.

Mais soudain ils se turent, les chasseurs de la nuit, et leurs oreilles s'agitèrent. Car tout près dans la nuit s'élevait le chant solitaire de la voix pure et claire qui semblait si lointaine avant la chasse... Un nuage couvrit le disque lunaire et la découvrit tandis qu'ils écoutaient, immobiles autours de leur proie épuisée. Seulement la proie avait disparu : à sa place se tenait une jeune femme aux longs cheveux couleur de lune vêtue d'une robe blanche ; et la tête levée vers les étoiles, elle tissait le charme qui tenait les loups avec les notes éthérées qui sortaient de sa bouche.

Alors les fiers prédateurs, tout doucement, s'éloignèrent et quand le chant se tut au matin, une biche blanche quitta la clairière qu'ils avaient déserté, saine et sauve.

 ©eryndel

vendredi 27 janvier 2012

Ambiance : cave


Dans l'ombre au pied des escaliers résonne un claquement sec : la porte de la cave s'est refermée sans pitié. Poids pesant de l'obscurité, battements d'un coeur terrifié. 
Dans l'ombre au pied des escaliers, il est difficile de respirer l'air humide et puant de la cave moisie.
Prends garde, prisonnier ! Le noir cache bien des dangers.
Dans l'ombre loin des escaliers des frottements des grattements des couinements résonnent.
Poids pesant de l'obscurité, battements d'un coeur terrifié. 
Dans l'ombre loin des escaliers s'allument des constellations maléfiques, des étoiles rouges par milliers.
Prends garde, prisonnier ! Le noir cache bien des dangers.
Pas hésitant qui recule dans le noir
frottements grattements couinements
Pas hésitant qui remonte des marches invisibles
étoiles rouges grossissant à vue d'oeil
Choc sourd d'un dos contre une porte fermée
couinements grattements frottements
Craquement sec d'une allumette
Grouillement des ombres aux yeux rouges
Vague de rats affamés !


Agonie.

©eryndel

mercredi 18 janvier 2012

Illusion

Petit sonnet que m'est venu à l'esprit en lisant des contes fantastiques de Maupassant.


Dans l'ombre de la nuit se dessine et s'enfuit
Un rêve silencieux dont les yeux impalpables
Me hantent et restent là, devant moi, implacables
Alors que le sommeil peureux s'est évanoui

Dans l'ombre de la nuit le rêve est bien parti
Mais son œil invisible me suit, effroyable
Témoin silencieux, figé, impitoyable
D'une angoisse inconnue à l'abîme infini

Jusqu'à l'aube la peur demeure à mon chevet
Le moindre son, déformé, me fait sursauter
Comme si quelque intrus rôdait dans les parages

Jusqu'à l'aube la peur me veille sans pitié
Puis le soleil timide s'en vient m'éclairer :
Les yeux à mon chevet ? De simples coquillages.

 ©eryndel